Les 20 ans de l'orgue

Inauguré le 7 septembre 1997, l'orgue actuel de l'église de St-Légier - La Chiésaz fête cette année ses 20 ans.

Toujours enthousiasmés par les sonorités magnifiques de cet instrument dans l’écrin exceptionnel que constitue l'église de la Chiésaz, nous souhaitons marquer cet anniversaire avec un programme 2017 ambitieux. Il sera composé de six concerts, dont les trois traditionnels de la rentrée d’automne, en septembre et début octobre. Nous sommes actuellement à la recherche de sponsors et de donateurs pouvant nous aider à réaliser ce programme et une belle saison musicale des Concerts de la Chiésaz 2017.

Un bref portrait

Réalisé par la manufacture Felsberg, l’orgue de la Chiésaz est conçu dans le style nordique allemand des années 1700. Le pourquoi de ce choix ainsi que quelques caractéristiques de cet orgue, relevées ci-dessous, sont tirés de la plaquette éditée à l'occasion de son inauguration en 1997.

"Le choix d'un nouvel orgue implique qu'on se détermine pour un style. Dans l'impossibilité de réaliser un orgue qui convienne indifféremment à tout le répertoire européen du 14ème siècle à nos jours, il est nécessaire de choisir des instruments compatibles avec chaque situation.

La Chiésaz est une église réformée dont l'acoustique non réverbérante a été conçue pour la prédication. Le plafond en bois ressemble à ceux que l'on trouve dans beaucoup d'églises réformées du nord de l'Europe. Le style et le répertoire allemands des 17ème et 18ème siècles sont évidemment les mieux appropriés à ce lieu et à cette acoustique. En conséquence, un instrument dans le style nordique des années 1700, à la manière de Schnitger, est un choix judicieux.

Les orgues réalisés par la manufacture Felsberg sont particulièrement remarquables quant à la qualité de l'artisanat, la connaissance des styles, la beauté et la sonorité dans toutes ses variantes, la vivacité du vent qui fait parler l'instrument, la beauté des buffets, l'adéquation de l'orgue à l'espace qui lui est dévolu et à l'acoustique du lieu."

" Dans l'orgue nord-allemand, tous les jeux (exceptés les mutations composées) peuvent se jouer seuls. Ils peuvent aussi être combinés entre eux dans un champ de possibilités extrêmement large, c'est pourquoi il y a peu de registrations indiquées par les compositeurs. L'orgue nord-allemand imite d'avantage les consorts que l'orchestre classique, par exemple le Principal 8' qui est en façade au Grand Orgue imite un ensemble qui pourrait être un groupe de voix (hommes et voix de garçons) : dans la basse le son a beaucoup d'harmoniques en même temps qu'il est profond, le ténor est ferme et assez intense (s'entend beaucoup dans la polyphonie contrairement à d'autres types d'orgues), l'alto est plus doux et le son a moins d'harmoniques, le dessus change complètement de caractère et imite la voix de tête. Un léger voile est perceptible dans le son, ce qui fait dire à Praetorius que les principaux de l'orgue sont comme les voix de garçons, c'est-à-dire qu'elles sont "rau und suess" (rêches et tendres). Ce léger voile qui pourrait être un défaut s'il était trop prononcé, est au contraire un avantage s'il est dosé justement. De même les différences minimes dans l'émission du son font que l'attention est sans cesse éveillée car on ne perçoit les choses que parce que d'autres sont à côté; une ligne trop égale ayant tendance à passer inaperçue. Il y a d'ailleurs une idée très positive dans cette vision du son, c'est qu'on cherche tout ce qui est bon pour faire de la musique et non pas l'absence de défauts, car vouloir enlever trop de défauts équivaut bien souvent à détruire également l'essence de tout ce qui est bon.

Ses combinaisons infinies de principaux, flûtes, quintatons, trompettes et régales font de l'orgue nord-allemand l'un des plus colorés."

Jean-Marie Tricoteaux, facteur d’orgues